
drżenie [tremor]
Dispositif interactif, 2025
Samuel Bianchini et Klaudiusz Ślusarczyk
Avec la collaboration de :
Victor Audouze (conception et réalisation sonore et musicale)
Wojciech Sikora (ingénierie de recherche-création)
Marzena Krzemińska Baluch et les membres de la Faculté de Céramique et de Verre de l’Académie des Beaux-Arts de Wrocław : Julia Ciułek, Justyna Dżaman, Grzegorz Bibro, Anna Józefowska (recherche et conception du verre)
Ce projet, dont le commissariat a été assuré par Klio Krajewska, a été conçu pour le bâtiment du Centre d’Art WRO, à l’occasion de la 21ème Biennale d’Arts Médiatiques WRO 2025 (Wrocław, Pologne), dans le cadre d’une coopération entre le Département d’Arts des Nouveaux Médias de l’Académie polono-japonaise des Technologies de l’Information (Varsovie) et le Groupe Reflective Interaction d’EnsadLab, laboratoire de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (Université Paris Sciences & Lettres).
Le socle utilisé pour cette installation a été initialement conçu pour “Les Appprenants” (2022), un projet artistique de Victor Audouze, Samuel Bianchini, Elena Tosi Brandi, Corentin Loubet et Hugo Scurto.










Au cœur de Wrocław, le bâtiment du Centre d'art WRO dispose d’une impressionnante charpente de bois visible dans toutes les salles d’exposition de son aile principale. Ce Centre d’art est situé à l'intersection de deux larges artères de la ville où circulent plusieurs lignes de tramway. Les vibrations de ces derniers traversent régulièrement l'architecture du bâtiment en étant amplifiées par cet enchevêtrement de poutres. Cet espace vibratoire nous rappelle, s'il en était besoin, à quel point les êtres, les choses et l'environnement sont interconnectés, que ce soit à l'échelle d'un bâtiment, de la ville, d'une toile d'araignée ou de la planète.
Comment traduire cette interdépendance, nos interdépendances, à travers cet espace vibratoire ? Comment lui donner vie en y intégrant notre propre activité, celle des publics comme des habitants ? Comment rendre perceptible, voire sensible, cet espace éminemment analogique ? Comment comprendre ces espaces entrelacés ; pensons à la multitude de vibrations, d’oscillations et autres battements en nous-mêmes ou dans notre environnement.
Afin de nous retrouver dans et autour de cet espace vibratoire partagé, d'en prendre le pouls, d'y prêter attention et même d'apprendre à en prendre soin, un dispositif unique est déployé sur place. Au sein du Centre d'Art, cet espace situé à l’angle du bâtiment est plongé dans la semi-obscurité, laissant toutefois percevoir la ville à travers une large baie vitrée recouverte d’un filtre. Un grand socle circulaire de près de deux mètres de diamètre est installé au centre de la salle. Le socle produit des vibrations et des sons, une composition musicale, qui, régulièrement, semblent tourner à l’intérieur de ce piédestal comme dans l'espace d’exposition : ce son produit par des transducteurs est spatialisé.
Évoquant un matériau de construction, deux briques de verre sont posées au centre du socle. Elles proviennent d'une ancienne réserve de verre optique abandonnée, trouvée dans la cave de l'Académie des Beaux-Arts de Wrocław. Ces objets en verre, agissant comme des lentilles optiques, sont traversés par un rayon laser vert projeté à leur jonction. D’autres lasers du même type sont disposés sur des trépieds de géomètres répartis dans la salle pour former, à plus de 2 mètres de haut, une ligne d’horizon continue qui vibre elle-aussi. Tous ces lasers sont montés sur des enceintes acoustiques qui les mettent en vibration en même temps que le dispositif sonore : l’ensemble relève bien d’un même espace vibratoire analogique. Toutes ces sources lumineuses comme le son captivant diffusé par le socle vibrent à l’unisson : l'ensemble est en effet dépendant de la captation des vibrations du bâtiment, captation effectuée via des géophones installés sur les poutres. Ces vibrations sont dues à l'effet d'activités locales, dans le bâtiment lui-même ou autour – comme le passage de nombreux tramways – ou à des causes plus lointaines et profondes, comme celles d'une activité géologique habituellement imperceptible. Que ce soit par les rayons lumineux vibrant et diffractés dans l'objet en verre, par la ligne entourant la salle ou par la composition sonore envoutante produite en temps réel, ce dispositif nous permet de percevoir et de nous immerger dans cet espace vibratoire à la fois local et lointain, connu et étranger, dont nous faisons bel et bien partie.












drżenie [tremor], WRO Media Art Biennale, WRO Art Center, Wrocław, mai 2025
Photos : © Samuel Bianchini - ADAGP